Ce qu’il faut retenir :
- L’opposition de Kazuhiko Torishima n’est pas contre l’Arabie Saoudite, mais contre le manque de vision et de lien avec le public japonais et international.
- Il critique moins le projet en lui-même que la manière dont il a été annoncé.
- Il regrette l’absence de message à destination des fans et des jeunes, piliers de Dragon Ball.
- Il appelle Toei Animation et les détenteurs de la licence à prendre leurs responsabilités.
Kazuhiko Torishima revient sur la polémique au sujet du projet de parc d’attraction Dragon Ball en Arabie Saoudite. Comme il l’avais promis, l’ancien rédacteur en chef mythique du Weekly Shonen Jump s’est exprimé le 23 août lors de l’émission radio J-WAVE « TOKYO M.A.A.D SPIN », au Japon. Celui qui a accompagné Akira Toriyama dès ses débuts a tenu à clarifier ses propos en livrant un avis très critique sur la manière dont le projet a été annoncé et géré.
Qui est Kazuhiko Torishima, l’homme derrière Dragon Ball ?
Kazuhiko Torishima est connu comme l’éditeur qui a propulsé Akira Toriyama au sommet. Il a accompagné l’auteur de Dr. Slump et Dragon Ball, deux mangas devenus des phénomènes mondiaux. Son rôle dans l’histoire de Dragon Ball est tel qu’il est surnommé « le légendaire rédacteur en chef du Jump ». On a interviewé Kazuhiko Torishima à la Japan Expo, mais son nom est revenu récemment sur le devant de la scène après que ses propos sur le futur parc à thème Dragon Ball en Arabie Saoudite ait été déformé par un média japonais.
« On ne retient que mon opposition » : la réaction de Torishima
Interrogé sur ce projet colossal, Torishima a exprimé sa frustration :
« Comme [cette interview] a eu un certain écho, ça s’est retrouvé sur Yahoo! News, c’est monté dans le top 10 des recherches. J’en ai été surpris. On ne retient que mon opposition, mes propos virulents contre ce projet au Moyen-Orient, en Arabie Saoudite. Mais dans mes déclarations, personne ne lit le reste. C’est très regrettable. »
Kazuhiko Torishima
Une annonce sans message pour les fans, selon Torishima
Torishima est aussi revenu sur la chronologie de l’annonce de ce futur parc d’attraction :
« Le 22 mars 2024, Toei Animation et le site officiel de Dragon Ball ont annoncé la création de ce parc en Arabie Saoudite. Le même mois où Toriyama est décédé. Bien sûr, il n’y avait aucun message de sa part [de la part de Toriyama]. Quand j’ai comparé, les commentaires et les visuels publiés par Toei et le site officiel étaient identiques, comme un communiqué de presse rédigé par une agence. Un simple « ça va se faire », sans message aux lecteurs, sans mot de la maison d’édition, sans appel aux fans. Toei, qui gère pourtant la licence, n’a montré ni réflexion ni responsabilité. Depuis, aucune explication / communication n’a été donnée. Forcément, une situation pareille laisse un malaise. Moi aussi, j’en fais partie. »
Et clairement, c’est ce qu’on a aussi constaté ici et sur les réseaux sociaux. Vous avez été nombreux à vous interroger sur le silence des promoteurs du parc, alors qu’il a été annoncé depuis près d’un an et demi.
Un problème de fond : la responsabilité envers les enfants et les fans
Pour Torishima, Dragon Ball ne doit pas être réduit à un simple projet commercial international. C’est quelque chose qu’il avait déjà dit à la question 12 de notre précédent interview avec lui. Mais à la radio, il a ajouté :
« Dragon Ball existe grâce aux enfants japonais d’abord, puis aux enfants du monde entier qui l’ont soutenu. J’ai toujours travaillé main dans la main avec Toriyama, vérifiant ses storyboards, et écoutant les réactions des lecteurs. Ce soutien des jeunes a façonné Dragon Ball jusqu’à aujourd’hui. Toucher le cœur de ces enfants, leur fidélité, et comment leur parler : voilà sur quoi devrait reposer la responsabilité de ceux qui gèrent la licence. Or, je ne vois ça nulle part.
Ce n’est pas parce que c’est construit en Arabie Saoudite que je proteste. Mais est-ce que les enfants japonais pourront y aller ? Dans l’interview, j’ai aussi répondu que, si un lien existait pour rapprocher les enfants japonais et l’Arabie Saoudite, alors il y aurait matière à réfléchir. »
Kazuhiko Torishima