En 2023, on se moquait de la vidéo de Will Smith et de son plat de pâte, mais deux ans plus tard, cette même scène fait déjà moins sourire quand on se rend compte des progrès fulgurants de l’intelligence artificielle.

Le cinéma d’animation n’y échappe pas, et un député Japonais tire la sonnette d’alarme après la publication de vidéos entièrement générées par IA, et dans lesquelles figurent des personnages de grandes licences animées, preuve que les modèles ne sont clairement pas modérés. Et ce n’est pas cette vidéo où Chichi quitte Goku pour se mettre avec Chaozu qui viendra nous contredire.
Sora 2, l’IA qui enflamme Internet
Lancé par OpenAI, Sora 2 est en train de secouer le web. En quelques jours, ce modèle de génération vidéo a envahi les réseaux sociaux. Des milliers d’internautes partagent leurs « créations » (si l’on peut dire), et certaines sont bluffantes.
Les plus virales ? Des vidéos qui maitrisent quasiment tous les codes de l’animation japonaise, avec Goku, Pikachu, ou encore Naruto. Il y a clairement de quoi inquiéter les ayant-droits, les studios, les artistes, mais aussi en trame de fond : ce véritable pilier de l’économie japonaise qu’est le cinéma d’animation.
Le Japon monte au créneau
C’est au Japon que la polémique prend de l’ampleur. Sur Twitter, les réactions se multiplient face à la fidélité des vidéos générées. Pour beaucoup, la frontière entre officiel et faux devient trop mince.
Un député, Akihisa Shiozaki, avocat de formation, affirme sans détour que « l’IA dévore la culture japonaise », et que le gouvernement japonais doit agir. En comparaison, il explique même les Etats-Unis auraient déjà un coup d’avance, ce qui expliquerait qu’on ne voit jamais de vidéos IA sur Marvel ou Disney :
« Si le gouvernement japonais souhaite protéger ses créateurs et son industrie culturelle, il doit agir immédiatement », a-t-il déclaré. Avant de lancer, non sans ironie : « Pourquoi ne voit-on pas de personnages Disney ou Marvel ? »
Akihisa Shiozaki
Pourquoi Disney est épargné ?
La raison tiendrait à la fonction « opt-out » intégrée par OpenAI. Les grandes sociétés peuvent exiger que leurs licences ne servent pas à l’entraînement du modèle. Mais cela ne suffit pas à garantir une protection juridique solide.
En attendant, ni Toei Animation, ni The Pokémon Company, ni Square Enix n’ont réagi publiquement. Pourtant, la menace est claire : l’IA brouille déjà les pistes entre créations authentiques et contenus générés.
Un futur incertain pour les créateurs
Si aucune régulation n’est mise en place, les fans risquent de ne plus distinguer les œuvres officielles des vidéos IA. Un scénario qui inquiète autant les studios que les artistes, qui sont en première ligne. L’avenir de la créativité numérique est en jeu : l’IA est déjà là, et elle ne connaît pas de limites.