Dragon Ball Super
Dragon Ball Super SUPER HERO

Interview de Norihiro Hayashida : La 3D sauvera-t-elle l’animation 2D japonaise ?

Shueisha, la maison d’édition où est née Dragon Ball, est activement impliquée dans tous les projets qui touchent de prêt ou de loin à Dragon Ball. En 2016, elle créait la Dragon Ball Room, avec à sa tête Akio Iyoku. Ce dernier expliquait que cette structure était née d’une collaboration interdépartementale entre toutes les parties prenantes de Dragon Ball, avec pour ambition de soutenir et développer la franchise Dragon Ball.

Pour comprendre les liens étroits entre tous ces acteurs, il suffit de regarder Akio Iyoku, qui est à la fois chef de cette Dragon Ball Room, et en même temps producteur exécutif du film Dragon Ball Super SUPER HERO. Il s’agit du 21ème film de la franchise, et mais surtout du 1er film Dragon Ball entièrement réalisé en 3D CGI, ce qui n’a clairement pas fait l’unanimité auprès des spectateurs japonais et internationaux, qui n’ont cette fois pas répondu à l’appel de Toei Animation (cf. Box-Office Dragon Ball Super Super Hero).

Malgré le fait que les chiffres du box-office du film soient les plus mauvais de ces dernières années — et il est aisément prouvé que le Covid n’y est pour rien, puisque cette même année, d’autres animations japonaises et américaines ont fait d’excellents chiffres — il semble que les studios japonais envisagent de continuer à exploiter la CGI. C’est par exemple le cas de la prochaine animation Sand Land, adaptée de l’œuvre d’Akira Toriyama.

La 3D est-elle l’avenir de la l’animation 2D japonaise ?

La 3D sauvera-t-elle l’anime 2D japonais ? Akira Toriyama, l’auteur de l’œuvre originale, en a fait l’éloge, et le processus de production du film « Dragon Ball Super : Super Hero » semble également prédire une nouvelle ère pour les animes japonais.

Ces dernières années, la technologie de production d’animation a beaucoup progressé, et on ne fait parfois quasiment plus la différence entre la 3D et la 2D. Le film « Dragon Ball Super : Super Hero » qui est sorti en 2022 est une œuvre qui montre le meilleur de l’utilisation des « expressions 3D à la façon de la 2D » dans une animation, et le monde entier a applaudi la performance. [Note de DB-Z.com : Il s’agit d’une traduction du site officiel qui ne reflète pas notre opinion]. Comment l’auteur original, Akira Toriyama, a-t-il réagit au processus de production de cette œuvre qui ouvre la voie vers une nouvelle ère de l’animation 2D japonaise ?

Note de la rédaction : Cet article est une transcription de l’article original en japonais, de Shueisha.

Interview de Norihiro Hayashida par Shueisha

Norihiro Hayashida de Toei Animation producteur de films danimation depuis 2015
Norihiro Hayashida de Toei Animation (producteur de films d’animation depuis 2015)

PARTIE 1 : Il aura fallu 4 concepts pilotes en vidéo avant l’adoption complète de la 3D.

Comment avez-vous procédé pour intégrer pleinement les expressions 3D dans « Dragon Ball Super : Super Hero » ?

Au départ, il y avait beaucoup d’opposition à l’adoption d’expressions 3D au sein de Toei Animation, mais il y avait plusieurs personnes dans la haute direction qui ont dit « il faut essayer », alors en juin 2014, la production d’une version pilote a commencé. C’est seulement vers 2016 que j’ai pu le montrer à la Dragon Ball Room de Shueisha et à Akira Toriyama-sensei pour la première fois. Nous avons fait un total de 4 films pilotes, nous les avons présentés à chaque fois, et nous avons finalement réussi à avoir un « Go ».

Quelle version des 4 pilotes Akira Toriyama a-t-il finalement approuvé ?

Il s’agit d’une version pilote réalisée par Tetsuro Kodama, le réalisateur de Dragon Ball Super SUPER HERO. Nous avons reçu une réponse du genre « si vous travaillez sur cette base, vous pourrez peut-être obtenir un bon résultat ».

2275 002

Quels sont les points que Toriyama-sensei a appréciés sur les versions pilotes ?

Le mouvement des personnages. L’animation dessinée à la main et l’action pleine de réalisme grâce à la nouvelle technologie se sont bien combinées, et le maître a apprécié cela. M. Kodama est l’une des rares personnes de l’industrie à avoir fait des recherches sur l’animation 3D de type cellulo pendant longtemps, donc je pense que cette expérience a été mise à profit.

« PIANOMAN » est un court métrage d’animation réalisé par Tetsuro Kodama. Une œuvre nominée par le 24ème Comité du Jury de la Division Animation du Festival des Arts Médiatiques de l’Agence des Affaires Culturelles. Le réalisateur Kodama a également participé au film Dragon Ball Super BROLY en tant que directeur de séquence CG.

PARTIE 2 : Le rendu cellulo 3D [aka Cellulook] est le meilleur moyen de répondre à la demande de « garder l’uniformité visuelle ».

Shenron CGI

Toriyama-sensei a été très enthousiaste dans ses commentaires pour recommander le film Dragon Ball Super SUPER HERO.

C’est exact ! Lorsque j’ai reçu le commentaire très élogieux du grand maître de Shueisha, j’ai été très surpris qu’il soit écrit sur du papier de format A4. J’étais extrêmement heureux.

Personnellement, je pense que ce travail est le meilleur chef-d’œuvre parmi les films Dragon Ball. Cependant, sans parler du point de vue du spectateur, qu’est-ce que Toriyama-sensei, l’auteur et scénariste original, a spécifiquement aimé dans cette œuvre ?

Je pense que c’est l’uniformité générale du film. C’est parce que Toriyama-sensei et Shueisha nous avaient dit : « On veut que vous éliminiez le sentiment d’incohérence dans les dessins d’une scène à l’autre ». Ils voulaient un sentiment d’homogénéité dans les modèles et le rendu final.

Vegeta CGI

Je vois. Dans le cas du manga, l’ensemble de l’œuvre est essentiellement homogène car c’est le trait de l’artiste du manga. Pour les créateurs de manga, il semble qu’il y ait un grand sentiment de crainte que le design change entre chaque scène.

C’est vrai que les créateurs d’animes ont plutôt le sentiment que « si on peut avoir une exposition de kami-sakuga [dessins / animations de très haut niveau], c’est mieux si les designs sont légèrement différents entre chaque scène ». Cependant, afin d’éliminer le sentiment d’incohérence entre les dessins, l’animation « Cellulook » qui a introduit la 3D grâce à la CGI est une solution au top.

D’autre part, il devient désormais difficile de créer un dessin ou une animation où les fans d’anime pourront deviner qui était l’animateur en charge : « Est-ce que c’est une scène de l’animateur XXXX ? »

En effet. C’est surtout visible sur des images fixes. Mais avec des génies plus communément appelés « super-animateurs », vous ne pouvez pas gagner en une seule image. Pour ce qui est de pouvoir animer un design uniforme, le Cellulook 3D est définitivement plus avantageux. Je pense que ce sera un enjeu à l’avenir.

PARTIE 3 : Une nouvelle forme d’expression qui condense un savoir-faire historique en animation dessinée à la main.

2275 005

On peut dire que Toei Animation est à l’origine des studios d’animation japonais, et ils produisent encore beaucoup d’animations dessinées à la main. « Dragon Ball Super : Super Hero » utilise-t-il ces techniques d’animation traditionnelles dessinées à la main ?

Nous avons des gens qui dessinent Dragon Ball depuis des décennies, donc leur présence était très importante. Peu importe à quel point vous êtes bon en dessin, vous ne pouvez pas dessiner Dragon Ball comme ça, tout de suite. Il va sans dire que la touche unique de Toriyama-sensei est recréée, mais il y a aussi de nombreux aspects uniques à l’action.

Quel genre de postes occupent-ils ?

Directeurs de l’animation. Le flux de production de ce projet consistait à leur faire dessiner trois vues du personnage de face, de côté et de dos, et après avoir reçu l’approbation de Shueisha pour tous les personnages, nous avons commencé la modélisation.

Normalement, je pense que ce serait un processus consistant à regarder une seule image et à la modéliser telle qu’elle est, mais avec Dragon Ball Super : Super Hero, la première étape consistait à trouver une compréhension commune de la façon de « faire du Toriyama » en 3D, alors nous avons ajouté un processus de création d’un dessin à trois côtés, dessiné à la main. La présence de vétérans avec leur savoir-faire sur Dragon Ball a été une grande force dans ce travail. De plus, j’ai donné aux réalisateurs d’animation des instructions détaillées de correction visuelle pour chaque scène et montage, et je leur ai demandé de rendre les images plus « Dragon Ball ».

Ainsi, après avoir animé les personnages et décidé du travail de la caméra, vous avez peaufiné les images pour qu’il n’y ait aucun éloignement avec le look cellulo de Dragon Ball, c’est ça ?

C’est ça. Le directeur de l’animation a fait des corrections pour chaque image, y compris les coiffures et les contours, et les animateurs ont fait des ajustements en conséquence.

Sacrifice de Gamma 2


J’ai entendu dire que ce travail est une fusion de nouvelles technologies et d’animation traditionnelles dessinée à la main, qui a été cultivée pendant de nombreuses années, et que c’est un travail qui exprime tout le charme d’un Dragon Ball complètement nouveau. D’un autre côté, j’ai senti que l’intro en 2D qui résume les grandes lignes de l’histoire de Dragon Ball, est un travail à la main de haute qualité, qui montre la force de l’animation 2D, ou plutôt, sa puissance.

Cette partie a été réalisée par le directeur d’animation Chikashi Kubota, qui est l’un des membres de l’équipe que je voulais absolument sur ce projet. C’est la partie dont j’étais responsable en réponse à la demande de M. Kubota de pouvoir « animer des scènes en 2D, à la main ». Ce n’est qu’une vidéo de 2 minutes, mais même une fois la première partie du film terminée, le prologue n’était toujours pas terminé (rires). Mais je pense que c’est tout.

Honnêtement, je pensais que c’était le film le plus incroyable lié à Dragon Ball jusqu’à présent.

Au niveau du dessin à la main, c’est exceptionnel. C’est vraiment incroyable. C’est vraiment une œuvre divine (kami-sakuga).

Alors selon vous, Dragon Ball Super SUPER HERO est-il réellement en train de changer l’histoire de l’animation japonaise ?

Le film Dragon Ball Super SUPER HERO, en bref…

Dragon Ball Super SUPER HERO est un film d’animation japonais produit par Toei Animation. Le film est écrit par le créateur du manga Dragon Ball, Akira Toriyama. Il s’agit du 21ème long métrage Dragon Ball, du quatrième avec la participation directe de Toriyama, et du second film de la franchise Dragon Ball Super. Mais il s’agit surtout du premier film Dragon Ball à être produit intégralement en CGI, c’est-à-dire avec des animations en 3D, ce qui lui a valu une salve de critiques négatives.

Super Hero aurait dû faire ses débuts au Japon le 22 avril prochain, mais suite au piratage des serveurs de Toei Animation, il a été reporté au 11 juin 2022. D’autre part, le film a aussi été annoncé pour une sortie prochaine dans le reste du monde : le 19 août aux Etats-Unis, et le 5 octobre en France.

Autres informations sur le film

  • Auteur original / Script / Charadesigns : Akira Toriyama
  • Réalisateur : Tetsurô Kodama
  • Directeur de l’animation : Chikashi Kubota
  • Musique : Naoki Sato
  • Directeur artistique : Nobuhito Sue
  • Design des couelurs : Rumiko Nagai
  • Directeur CGI : Jae Hoon Jung
  • Acteurs de voix : Masako Nozawa, Toshio Furukawa, Aya Hisakawa, Ryō Horikawa, Mayumi Tanaka, Takeshi Kusao, Yūko Minaguchi, Hiroshi Kamiya, Mamoru Miyano

Interview/texte/photographié par Kenta Terunuma pour Shueisha.

4.2 / 5 - (12 votes)

Ça peut aussi vous intéresser !

Dragon Ball Super SUPER HERO arrive sur Amazon Prime Video !

Saiyuke

Akira Toriyama dessine Penenko du film Dragon Ball Super SUPER HERO

Saiyuke

Cadeau : un extrait gratuit de l’Anime Comics Dragon Ball Super SUPER HERO

Saiyuke

Pourquoi Dragon Ball Super SUPER HERO n’est pas sur Crunchyroll en France ?

Saiyuke

Anime Awards 2023 : Dragon Ball Super SUPER HERO rentre les mains vides

Saiyuke

Dragon Ball Super SUPER HERO a-t-il changé l’histoire de l’animation japonaise ?

Saiyuke

Laisser un commentaire